APPEL

 

   Enfin nos corps respirent... Comment déterminer cet accomplissement ; sabotage ou création du vivant, les jugements seront nombreux et hétéroclites. Cependant nous tenons à démontrer le caractère fondateur et libérateur de cet agissement. Comment aurions nous pu accepter cette construction méprisant l'ensemble de la communauté universitaire. Par delà du symbole, ce mur est l'expression matérielle d'une censure en milieu universitaire. Lieu se transformant chaque année un peu plus vers un urbanisme carcéral ; caméras fleurissant de toute part, vigiles se multipliant avec accoutrements impressionnants, de simples vestons, ils se présentent dès lors en rangers et en treillis. Et ils osent arborer l'insigne "éducation nationale".

 

   Comment définir cette urbanité aux lignes droites, aux haies à hauteur de taille et aux murs de plus en plus diffus. Pourquoi toutes ces cloisons entre nos bâtiments, pourquoi ce hall de prestige pour l'administration, à quoi bon ce "marbre" sur le sol ? Quel est l'intérêt des barrières aux entrées du campus, et ces "stands" de vigiles devant les nouvelles entrées des bâtiments E et D. Avez-vous l'audace de vous lever de vos chaises, d'arrêter vos cours, de vous regrouper pour en discuter et de débattre ? Seriez vous prêts à porter vos demandes au président de l'université ?

   Peut-on laisser seuls, ceux qui passeront en conseil de discipline face à une administration prônant l'ordre général ? Devrions nous juger nos proches, nos amis, ceux qui se battent, ceux qui souffrent ? Nous prenons le choix de ne pas juger mais de les défendre, de les comprendre même si nous pensons qu'ils ont tort parfois. Nous préférons être les proches, les amis des déçus, de ceux qui attendent et désirent des jours meilleurs.

 

   L'ambiance politique réformatrice sur fond de libéralisme européen nous promet-il cet avenir meilleur qu'ils nous vantent. Pensez vous qu'ils veulent et peuvent nous entendre, nous étudiants de sociologie, de psychologie, d'histoire et d'ethnologie… Qu'attendons nous de nos disciplines non marchandes et peu rentables ?

 

   Bref, nous tenons juste à vous dire que nous aimons l'amour et ses rapports, que nous ne nierons jamais ceux qui pensent, ceux qui crient, ceux qui pleurent et qui jouissent… Nous désirons être libres de penser par nous-mêmes. Nous voulons étudier dans notre fac, créer notre environnement, pouvoir établir des fresques, des textes, des poèmes, des débats, des clubs, des associations… Nous voulons jouir de nos corps, pouvoir les rassembler, les caresser et les provoquer… Mais certains en ont décidé autrement. Nous devons êtres séparées, êtres cloisonnées, êtres méfiants les uns des autres, nous ne pouvons nous exprimer et nous émouvoir… Non, il faut comme le prétendent les théories sécuritaires dominantes, nous castrer, nous diviser afin de nous monter les uns contre les autres pour que puisse se construire dans leurs intérêt leur vision du monde, leur MONDE.

 

…Solidarité avec l'ensemble des saboteurs de murs...

…Nous voulons vivre…