Le Parisien, mercredi 17 mars 2004

 

Opération commando à l'université

 

   UN MUR DE L'UNIVERSITÉ de Nanterre a subi les assauts d'une opération commando hier en tout début d'après-midi. Symbole du «tout-sécuritaire» selon les étudiants «en colère», ce mur est une cloison «pare-feu», assure de son côté le président de l'université, Olivier Audeoud. Peu après 13 heures, hier, entre cent et deux cents étudiants surgissent dans l'enceinte de la faculté et se rassemblent devant le mur de la discorde, qui sépare les bâtiments D et E.

   Une partie des étudiants forme plusieurs chaînes humaines de manière à faire rempart et à protéger les casseurs de l'action attendue des vigiles et policiers. Les autres, dissimulés sous des écharpes - «des cagoules», précisera plus tard la police - saisissent alors un bélier et cognent. Objectif : défoncer le mur. En quelques minutes, ils endommagent quelques parpaings sans que le mur s'écroule pour autant. Puis s'éparpillent. Quand la police arrive, plus de chaînes humaines ni de casseurs... juste un trou dans le mur. Les forces de l'ordre ont toutefois contrôlé nombre d'étudiants aux abords de l'université, peu de temps après cette opération commando.

«Des cloisons pare-feu»

   «Très peu d'entre eux sont issus de Nanterre», commentait Olivier Audeoud, hier en fin de journée. Les étudiants seraient en masse venus de Paris. Selon le porte-parole de l'Association générale des étudiants de Nanterre (Agen), c'est un « collectif informel d'étudiants » qui aurait monté l'opération. Sans revendiquer cette action coup de poing. L'Agen ne la condamne pas et «comprend l'exaspération des étudiants». «On assiste depuis trois ans à une dérive sécuritaire», martèle son porte-parole. «Entre les caméras de surveillance et les murs de séparation, on assiste à une véritable répression antisyndicaliste», insiste le représentant de cette association contestataire. Balayant ces accusations d'un revers de main, le président de l'université rappelle : «Nous sommes dans un établissement public, soumis à une réglementation précise. Et sous peine de ne pouvoir accueillir du public - un comble pour une université qui accueille jusqu'à 20 000 personnes par jour -, la préfecture nous a enjoint de faire ces travaux, explique Olivier Audeoud. Nous avons l'obligation d'ériger des cloisons pare-feu.»

Valérie Mahaut