...l’ordinaire
carcéral à proximité
A Nanterre, un bon nombre d’étudiants viennent tous les jours sur la fac sans
savoir qu’il existe une prison à quelques centaines de mètres de leur
université… Construite en 1991, la « maison d’arrêt » de Nanterre compte
aujourd’hui 650 prisonniers dont une centaine de moins de 21 ans et une
vingtaine ayant même moins de 18 ans. Légalement, les « maisons d’arrêt » ne
sont censées enfermer que des personnes soit en attente de jugement, soit
condamnées à des peines inférieures à deux ans. Mais à Nanterre, plus de la
moitié des prisonniers n’ont en réalité rien à faire dans une maison d’arrêt.
Parmi tous ces prisonniers, certains le sont en raison de leurs activités
politiques (basques, corses et breton), d’autres au nom de la double peine,
beaucoup d’autres pris dans les mailles du tout répressif et du délit de
pauvreté.
Deux prisonniers sont morts ces deux derniers mois derrière ces murs :
le 17 septembre, M. S. est mort malgré l'alerte donnée la veille par son
camarade de cellule, les matons l’ayant laisser crever après avoir refuser de
prévenir un médecin. Le 23 octobre, les matons de Nanterre ont récidivé en
laissant crever dans les mêmes conditions Romain Stive, âgé de seulement 20 ans.
Chaque année, plus de cent prisonniers meurent soit d’absence de soins (comme
ces dernières semaines à Nanterre), soit en se suicidant, soit en se faisant
tuer par des matons… Dans tous les cas, c’est la prison qui est responsable,
même si l’Administration pénitentiaire se défend, et couvre systématiquement les
exactions de ses sbires en faisant passer des assassinats pour des suicides :
c’est si facile de pendre un prisonnier ou de mettre le feu à une cellule, la
parole d’un directeur de prison vaudra toujours plus que celle des prisonniers
ou de leurs proches… Et cela arrange bien les autorités : « un délinquant de
moins ! » Aujourd’hui, il y a 50 000 prisonniers en France. Un tiers des
prisonniers sont en attente d’être jugés, et près de la moitié de ceux qui ont
été condamnés le sont uniquement pour des délits de nature économique (28 % pour
vol et 12 % pour trafic de stupéfiants). Si la peine de mort a été
officiellement abolie, la prison tue aujourd’hui plus qu’à l’époque de la
guillotine…
Pour nous, les prisons françaises sont avant tout un moyen pour l’Etat de
réprimer les classes populaires (forcément « dangereuses » !) et d’assurer sa
domination nationale : un prisonnier sur cinq est un étranger (dont 2 000 sont
emprisonnés uniquement pour absence de titre de séjour) et une part importante
des prisonniers ayant la nationalité française sont eux-mêmes des fils
d’immigrés (ce qui n’est bien évidemment recensé par aucune statistique). Pour
nous, la lutte contre le capitalisme passe notamment par la lutte contre la
prison, forme exemplaire d’enfermement et d’exploitation. Et ce d’autant
plus en ces temps de durcissement sécuritaire. La prison de Nanterre est plus
facilement attaquable, car elle est située à la fois dans un quartier populaire
et à côté d’une université. C’est pour cela, et aussi du fait de la présence
quotidienne de certains d’entre nous à Nanterre et des contacts que nous avons
établis avec certains des prisonniers de Nanterre, que nous souhaitons créer un
comité anticarcéral sur Nanterre : avec, pour objectif, des passerelles entre
tous (prisonniers, familles, habitants du quartier, étudiants, etc.), et de
diffuser des informations concrètes sur la prison. Pour commencer, nous
souhaiterions organiser sur la fac une série de projections et de débats sur le
thème de la prison et des luttes des prisonniers.
LA LUTTE
CONTRE LA PRISON EST UNE NECESSITE DE CLASSE !
ILS METTENT
NOS CAMARADES EN TAULE :
ATTAQUONS
LA PRISON
AVANT QU’ILS nous y jettent tous !