À BAS L'UNIVERSITÉ MARCHANDE ET CARCÉRALE !

 

LIBERTÉ DE CIRCULER ET ENSEIGNEMENT CRITIQUE

POUR UNE UNIVERSITÉ AUTOGÉRÉE!

 

 

Étudiants, enseignants et personnels de l'université il est temps de réagir!

Depuis la rentrée 2003, l'administration met tout en oeuvre pour hâter la marchandisation de l'université et la mise en place d'une politique ultra-sécuritaire imposée par le Contrat Local de Sécurité (CLS) et le processus de privatisation de l'éducation nationale.

 

Sur le site de Nanterre, l'engouement des responsables pour appliquer ces mesures sans aucune consultation de la population concernée nous pousse à intensifier nos revendications pour une université libre autogérée. En effet, la répression syndicale s'amplifie et les mesures de restructuration architecturale des bâtiments portent largement atteinte à l'ensemble des conditions de circulations des étudiants et du personnel de la fac (regroupement des organisations étudiantes, séparation des bâtiments, vidéo surveillance accrue, poursuite judiciaire de syndicalistes...).

 

Il est nécessaire de comprendre que le but de la présidence de l'université n'est pas d'assurer la sécurité des usagers mais bien de répondre aux exigences des entreprises et des politiques en matière de répression des mouvements de contestation des politiques autoritaires et d'architecture marchande spectaculaire.

 

Prenons, par exemple, la construction d'un mur séparant les bâtiments E et D !

 

Construction TARDIVE ? INADAPTÉ ? PARADOXALE ?

TARDIVE : les normes de sécurité ne sont pas nouvelles alors pourquoi a-t-on décidé de construire ce mur aujourd'hui, en ces temps de privatisation, de répression et de contestations ?

 

INADAPTÉ : rien d'autre que le mur nouvellement construit n'est aux normes incendie. La structure du bâtiment ne s'en trouve aucunement modifiée (Restez près du mur s’il y a le feu car c'est le seul élément coupe-feu !).

 

PARADOXAL : plutôt que d'effectuer une rénovation en profondeur (mise aux normes, embauche de personnels...) peu tape-à-l’œil, la présidence préfère engager de grands travaux de façade prestigieux (stade, coursive, bâtiment B...) De plus, la justification de la non-séparation des bâtiments C et DD par la complémentarité de leurs disciplines n'est pas valable soit dans le cadre des normes de sécurité (le reste du bâtiment n’est pas aux normes), soit dans celui des disciplines (les bâtiments E et DD étant tout aussi complémentaires).

 

 

 

Alors quelles peuvent être les vrais raisons de ces modifications ?

 

 

Les mesures de répression des mouvements de contestation participent de la séparation progressive des bâtiments, des instances directives et des acteurs de la vie étudiante afin de compléter efficacement le processus de marchandisation et de privatisation des services publics en général et, particulièrement ici, de l'éducation. Ainsi, chaque bâtiment devient une entité à vendre aux entreprises de formation, de sécurité, de gestion administrative, de nettoyage, de personnel enseignant... et donc désolidarisée de l'ensemble du campus et d’une organisation politique et économique socialement cohérente.

 

L'idéologie sécuritaire, notamment la théorie de la « vitre cassée », et la politique de tolérance zéro ont été importées des USA entre autres par A.Bauer (directeur de « AB associates » principale entreprise de conseils en sécurité ; franc-maçon; ami et conseiller du président de Nanterre M. Audéoud dans l’application du CLS sur le campus) et X.Raufer (de son vrai nom Christian de Bongain fondateur du groupuscule d'extrême droite « occident chrétien », journaliste à l'express) considérés comme les « experts » en matière de violence. Les politiques élaborées sont mises en place par les mêmes individus qui récolteront les bénéfices financiers du marché de la sécurité qu'ils construisent.

 

C'est bien là le but du CLS. Plus que les phénomènes médiatiquement construit de la sécurité et de l'insécurité, celui-ci vise à ouvrir les espaces publiques (universités, écoles, hôpitaux...) aux investisseurs privés. On comprend alors qu'il ne règle en rien les problèmes de délinquance économiques, politiques et sociales à leur base. La logique est d'installer la peur de l'insécurité dans la population par la hausse des statistiques de la petite délinquance en ayant recours systématiquement au pénal (même pour incivilités, actions syndicales, fraudes dans les transports...) En organisant la demande des individus, les différentes instances administratives justifient une politique répressive et sécuritaire et donc la mise en place d'infrastructures de surveillances et de contrôles rentables pour les entrepreneurs (vigiles, vidéo surveillance, enregistrement des déplacements...).

 

On peut alors envisager que l'insécurité n'est pas en hausse mais que c'est bien l'utilisation et la comptabilité des conflits moyens et minimes qui fait ressortir un type de malaise social généralisé. On parle par contre de moins en moins des grandes fraudes financières  (comme notre président Chirac) et des trafics internationaux (comme les armes, la drogue, la santé, l'enseignement, la recherche...), grandes délinquances impunies qui est souvent la cause des inégalités qui conduisent au sentiment d'insécurité.

 

 

CE QUE REPRÉSENTE CE MUR

 

 

Dans la pratique, ce mur est un ennui certes. Il empêche la libre circulation des personnes sans aucunes raisons valables et pourrait être remplacer par des portes coupe-feu amovibles.

 

Mais il est encore plus grand quand on pense à l'idéologie qu'il véhicule. La justification de sa construction par l'administration à l'aide de raisons inadéquates est révélatrice de ce que cache ce mur. Les mandarins de l'administration « caviar » autoritaire et incompétente n'osent même pas nous dévoiler leurs véritables intentions !

 

Ils cherchent la meilleure façon de vendre le savoir que nous ont légué les générations précédentes mais ils savent que nous ne sommes pas d'accord et doivent donc nous faire accepter cela. Leur technique est simple et pourtant efficace, il leur suffit, comme actuellement, de mettre en place les structures qui empêchent l'émancipation intellectuelle (création et diffusion d'un savoir critique par rapport à l'idéologie dominante) et pratique (organisation d’une résistance politique, économique et sociale émancipée) en cantonnant chaque individu ou chaque groupe à des préoccupations personnelles hors de toute collectivité, association ou société. A savoir cette peur de l’avenir, du licenciement, de l’expulsion, de l’agression, de la « vitre cassée », de la « tolérance zéro », de quelle tristesse nous attend dans la vie.

 

Nous pensons personnellement à nous-mêmes et à nos proches, à nos parents, à nos enfants. Essayons de penser collectivement aussi, que nous sommes tous atteint par ce mal depuis des siècles. Pensons que cela n’est pas la Vie mais la domination d’une minorité d’individus impunis dans le système capitaliste. Nous entrouvrons alors peut-être et même sûrement les voies de la liberté.

 

 

 

 

 

Repères bibliographiques

 

 

 

Idéologie sécuritaire :

Alain Bauer et Xavier Raufer, « Violences et insécurité urbaine »

Xavier Raufer et S.Quéré, « Le crime organisé »

 

 

Critique  de l''idéologie sécuritaire :

Loïc Wacquant, « Ce vent punitif qui vient d'Amérique », Le Monde Diplomatique avril 99

M.Foucault, « Surveiller et punir »

Gilles Sainati et Laurent Bonelli, « La machine à punir », L'esprit Frappeur

Pierre.Bourdieu, « Contre-feu »