"IL Y A DE PLUS EN PLUS DE MURS, DE PORTES, ET DE SERRURES DANS CE MONDE"

 

Mutinerie mardi 16 décembre à la fac de Nanterre : après avoir cloisonné le bâtiment B, les autorités ont entrepris cette semaine de cloisonner le bâtiment E de l'université en fermant les portes le reliant au bâtiment D. Les étudiants de Nanterre ne se sont pas laissés faire et ont immédiatement défoncés les portes en question : pas question de laisser l'Administration nous enfermer !

Cette stratégie de cloisonnement de l'université s'intègre dans un vaste plan sécuritaire entamé il y a trois ans (avec l'aide de la célèbre société de sécurité AB Associates, dirigée par Alain Bauer, membre du PS et maître à penser de l'idéologie sécuritaire), dans le cadre du Contrat Local de Sécurité signé par la municipalité PCF en l'an 2000. D'ici 2015, la zone d'aménagement de la Défense devra progressivement s'étendre vers l'ouest dans le prolongement de l'axe des Champs-Elysées. La Défense va ainsi coloniser Nanterre et absorber l'université dans un vaste plan d'encerclement déjà entamé en 1990 avec la construction d'une prison aux portes de l'université : la Maison d'Arrêt des Hauts-de-Seine. Le nouvel ordre marchand et policier du XXIe siècle s'étend et modifie l'urbanisme eu fur et à mesure de sa progression. Le Contrat Local de Sécurité a ainsi permis d'ouvrir l'université à la police en supprimant la franchise qui l'en protégeait jusqu'alors. La RATP va elle aussi étendre son territoire jusqu'aux portes de la fac pour permettre aux GPSR d'arrêter plus facilement les étudiants fraudeurs avec l'aide d'un nouveau réseau de vidéo-surveillance.

A l'aide d'une ligne de tramway et d'une route nationale qui devront traverser le campus, l'université sera ainsi dissoute dans la ville et dans son ordre policier. Le cloisonnement des bâtiments de la fac, avec la mise en place de caméras et de postes de vigiles aux entrées permettra de contrôler les allers et venus et surtout d'isoler les étudiants. Ce que fait aujourd'hui le capitalisme dans les universités ressemble à ce qu'il a déjà fait dans l'industrie dans les années 70 : démanteler les grosses structures de production pour casser les formes d'organisation de masse de la main d'œuvre en dispersant les travailleurs. Cette nouvelle organisation est le prélude à la privatisation de l'université : chaque UFR devra être économiquement autonome en assurant sa propre rentabilité, en trouvant ses propres financements, mais aussi en assurant sa propre sécurité : d'où le cloisonnement des bâtiments.

Le fait que les étudiants se révoltent suite à la fermeture de portes nous rappelle étrangement la situation des prisonniers de Clairvaux qui se sont révoltés au mois d'avril suite à la fermeture des portes de leurs cellules... Ou le cas de ces habitants d'une cité de banlieues qui s'étaient révoltés contre leur enfermement derrière une grille qui devait servir à les empêcher de traverser un quartier pavillonnaire... Partout, on retrouve cette même logique de contrôle, de verrouillage, et d'enfermement : dans le métro et le RER, les grilles et les barrières sont surélevés, un peu partout dans les villes se multiplient les grilles à l'entrée des résidences et des cités, les digicodes, les clefs, les verrous, les caméras, et les vigiles. A l'université comme ailleurs, le nouvel ordre carcéral et policier avance.

 

NON A L'UNIVERSITE CARCERALE ET POLICIERE !

SOLIDARITE AVEC LES MUTINS DE LA FAC DE NANTERRE !

NE LAISSONS PAS LES AUTORITES TRANSFORMER LES FACS EN PRISON !